(BiotechFinances n°991 lundi 20 juin 2022) Depuis l’émergence du Covid et le camouflet des vaccins français dont l’affaire ne semble pas totalement terminée (cf. Valneva et ses déboires européens), la production d’ingrédients pharmaceutiques n’a jamais autant attiré l’attention. La souveraineté médicale et pharmaceutique était le maître mot durant les différentes périodes de confinement et de disette que nous avons vécues. Depuis, EuroAPI est entrée en bourse, 41ème valeur du CAC, une opération réalisée un peu furtivement, le 6 mai dernier, sur un marché atone, qui espérait encore de nouvelles aventures. Quelques semaines auparavant, le Startup studio, EureKare avait tenté, lui aussi, dans un « timing » qu’avec le recul on peut qualifier de parfait, de secouer le marché français avec son premier SPAC en santé, EureKING, d’un montant de 150 M€. Des fonds destinés à construire des opérations de buildup dans le domaine des CDMO (Contract Development & Manufacturing Organizations) pour produire des molécules pharmaceutiques d’aujourd’hui et de demain, dont les « Biologics ».
Mais revenons au coeur du sujet ! Une nouvelle fois, Sanofi peut se frotter les mains car en se séparant d’une entité peu présente sur ces nouvelles molécules biologiques, elle apparaît gagnante sur tous les tableaux. Le groupe améliore sa situation financière en sortant de son bilan, une structure peu rentable. Ensuite, il donne des gages à la nouvelle politique industrielle, la souveraineté d’abord, tout en gardant à longueur de bras (30% du capital) une structure qui présente encore un intérêt productif. Toutefois, même si EuroAPI fait les beaux jours du CAC Mid 60, cela ne résout en rien la problématique de la bioproduction française qui a vu ses sites les plus innovants passer sous pavillon étranger (CellforCure chez Novartis, Yposkesi chez SK Biologics) et qui a besoin de molécules. Cela appelle aussi à une révision de la stratégie globale des biotechnologies pour pouvoir satisfaire aux ambitions françaises (Objectif 7 du plan France 2030 : produire 20 biomédicaments contre les cancers, les maladies chroniques dont celles liées à l’âge et créer les dispositifs médicaux de demain). En effet, il sera, préalablement à leur production, nécessaire de découvrir et de développer des molécules biologiques que ce soient des anticorps, des protéines, des peptides, des cellules ou encore des constructions génétiques, composés qui ne sont aujourd’hui pas majoritaires dans le pipeline global de nos bioindustries.
« Cela appelle aussi à une révision de la stratégie globale des biotechnologies françaises pour pouvoir satisfaire aux ambitions nationales ” (objectif 7 du plan France 2030 : Produire 20 biomédicaments contre les cancers, les maladies chroniques dont celles liées à l’âge et créer les dispositifs médicaux de demain) »